Note critique de Gérard Paris dans le n° 8 de la revue Littérales, 2011 pour Lyre en double :
" Recolle enfin la mosaïque
de tes syllabes en miettes
Emotion en tesselles
Morceaux devenus phrases
Ta beauté renaîtra "
Avec trois illustrations rappelant à la fois le Moyen Age et l'Antiquité, France Burghelle Rey signe là son cinquième recueil après Odyssée en double ( 2009 ), La Fiancée du silence, L'Orpailleur, Le Bûcher du phénix.
Ce petit recueil ( 64 pages ), où symboles et ellipses rythment le poème, se divise en six parties : Quand montent enfin les mots, La peur commence à s'éloigner, Braises, Valse vers le soleil, A toi l'orpailleur : digue désormais rompue.
Pour un champ ( par choix ) sémantique assez réduit, France Burghelle Rey mêle les mots, les syllabes, des paroles tantôt blanches, impures, de pierre, d'écume ou paisibles et un dialogue entre le " tu " et le " je " ( le jeu ) symbolisant la gémellité, pierre de touche du recueil :
" sans toi mon double
vertige au bord de mes mots
bégayés
puis
enfouis
dans le sable de notre inconscient
je veux recoudre ici ce cœur coupé
voix à l'avenir monocorde
cri unique de nos vies jumelles "
Entre poème-oiseau et poème-palimpseste, France Burghelle Rey trace sa voix (e) et esquisse le chant d'un nouveau départ :
" Trahir son rythme
car on a honte de soi
Fascinante mythologie des autres
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Sais-tu qu'il grêlera cet été
un alphabet de fleurs
sur tes champs sans cailloux
bouquet d'un art nouveau ? "
Des cris préférés aux cris tus, des mots tronqués aux mots réunis, le poète joue ( jouit ) de " sa lyre en double ", s'effaçant et renaissant dans ce monde inachevé, en cristal. G.P.