Nouvelle expérience : versets transposés en vers libres avec retour à la ligne
Never more mon travail est fait dois-je cesser de vivre unie à mes mots mes maux mais tu as cru
A ma parole j'avais tant besoin d'être entendu et ils étaient sourds les amis qui ce jour-là répondraient à l'appel
Cimetière sous la lune avec comme compagne des étoiles si mon fleuve m'a oublié elles feront à ma tombe une couronne
J'ai l'idée de mettre en vers libres les derniers versets en trois strophes que je viens d'écrire ce qui n'était pas évident car depuis environ dix-huit mois je n'ai rien produit sous une autre forme.
Never more
mon travail est fait
dois-je cesser de vivre unie à mes mots
à mes maux mais
tu as cru à ma parole
j'avais tant besoin
d'être entendu et ils étaient sourds les amis
qui ce jour-là répondraient à l'appel
Cimetière sous la lune
avec comme compagne des étoiles
si mon fleuve m'a oublié
elles feront à ma tombe une couronne
Le résultat est étonnant. Ainsi disposé le texte apparaît d'une réelle platitude tant du point de vue du sens que du rythme alors que les versets donnent aux mots tout leur poids, aux phrases leur élan, à la strophe une musique qui m'étonne et m'émeut toujours.
J'ai même l'impression qu'on peut alors parler de poésie médiocre, de travail bâclé et que les lecteurs potentiels pourraient trouver l'ensemble insipide.
Dans tous les cas, si le sens n'est pas véritablement faussé, la magie du verbe, à mon avis, ne s'opère plus. Quant à la musique, d'après moi essentielle puisque alliée à l'émotion, elle me semble nettement plus présente dans des versets réussis dont le texte, même s'il est au départ " pauvre ", peut en fin de compte paraître " riche ".
Une mélodie propre, avec son rythme ample qui se lit dans un souffle, appartient, en effet, à la définition même des versets, ainsi qu'une dimension sacrée qu'on trouve chez les auteurs de ce type de vers depuis la Bible et ses poèmes incantatoires. On dit que Nietzsche a porté les versets à une hauteur spirituelle jamais vue.
Même si chaque poète qui en écrit a une conception personnelle de leur art et si ses textes possèdent des caractéristiques différentes de ceux des autres " spécialistes ", la musique s'y trouve toujours, d'après la critique, primordiale.
Je ne sais si ma version en versets provoquera quelque émotion auprès de ses lecteurs et recevra d'eux une certaine estime mais, d'après mon expérience et mon rapport avec mes textes, elle ne me semble pas, alors qu'elle a été écrite en un seul jet et qu'elle n'a subi aucune correction, devoir être éliminée.
Personnellement, je me suis attachée assez vite à ce texte et, avec le recul de quelques jours, j'ai décidé de le conserver.
Il est certain que je ne l'aurais pas fait pour sa version en vers libres avec retour à la ligne.
Never more mon travail est fait dois-je cesser de vivre unie à mes mots mes maux mais tu as cru
A ma parole j'avais tant besoin d'être entendu et ils étaient sourds les amis qui ce jour-là répondraient à l'appel
Cimetière sous la lune avec comme compagne des étoiles si mon fleuve m'a oublié elles feront à ma tombe une couronne